Un classement des lycées

Citation :

Le mérite, le travail, la volonté => réussite

C'est bien là ce qui a, de tous temps, séparé la gauche de la droite. Le vieux débat sur la méritocratie, tellement vieux qu'il ne sera jamais tranché.

Ton exemple, Tristan, ne fonctionne que si tu as, la chance de naître, dans un climat favorable, c'est-à-dire si tu as la chance d'avoir des parents issus des classes huppées de la société, qui ont l'argent nécessaire pour te permettre d'accroitre ta culture, de suivre des cours particuliers pour approfondir tes connaissances... En bref si tu crois en la reproduction du modèle sociale.

Tristan, je vais te raconter une petite histoire (vraie). Il y a un an, j'ai hébergé pendant 2 mois une fille (une amie d'amie) du nom d'Halima dans mon 14m². Elle venait d'un quartier, avait plaqué l'école, était à la porte de chez ses parents et travaillait dans un bar à hôtesses. Elle rentrait la nuit sur les coups des une heure du mat', souvent saoule (taf oblige) et naturellement très déprimée. Alors, j'ai commencé à lui lire "des histoires", et plus tard elle a commencé à prendre le relais.

En fin de compte, au bout d'un mois et demi, on avait lu ensemble les "Paroles" de Prévert, "Vol de nuit" de St-Exupéry, les "Chroniques martiennes" de Bradbury et nous entamions "Voyage au bout de la nuit" de Céline. Elle est repartie de chez moi avec "Voyage au bout de la nuit" sous le bras, elle qui n'avait pour ainsi dire jamais ouvert un bouquin.

Pourquoi je raconte cette histoire? Pour démontrer que le milieu joue un rôle essentiel dans l'intérêt que porte un enfant/un jeune à la culture, et donc dans la réussite scolaire.

Qui plus est le fait est que l'enseignement en ZEP est moins poussé que dans un lycée huppé, tout simplement car il faut plus revenir sur les bases. Et en fac, c'est encore pire car les programmes diffèrent d'une université à une autre.

Je viens d'un milieu assez modeste, j'ai vécu en ZUP et j'ai étudier en ZEP pendant 13 ans. Mais j'ai réussi à arriver dans le meilleur lycée du département, très huppé, et considéré comme un "lycée pour intello, bourgeois, et les drogué vivant proche de celui -ci", grâce aux "classes européennes".

Mais cette année, ils ont décidé de séparer la classe européenne dans laquelle j'étais pour nous mélanger avec des gens normaux. Bah c'est pas du joli ! Les mots "cas sociaux" ou encore "déficients mentaux" sont petit à côté.

J'abuse peut-être, mais des classes de niveau homogène, dans des lycées de niveau hétérogène ne feront que faire progresser les plus faible, comme le dit Tristan, afin que les "petits" rattrapent les "gros".

Citation :

J'abuse peut-être, mais des classes de niveau homogène, dans des lycées de niveau hétérogène ne feront que faire progresser les plus faible, comme le dit Tristan, afin que les "petits" rattrapent les "gros".

Je me trompe, peut-être, tu me reprendras dans ce cas, mais le but de l'Ecole n'est il pas de permettre à tout le monde d'acquérir les mêmes bases ? C'est pourtant dans cet optique que, étant allé dans des lycées privées sous contrat d'établissement, j'ai fait mes études.

Je ne dis pas qu'il est impossible de s'en sortir quand on vient d'une ZUP, je dis que ça n'aide vraiment pas.
Je suis d'accord qu'une classe trop hétérogène n'est pas une bonne chose : Je dis simplement qu'un écart limité est, lui, bénéfique. En revanche je ne vois pas en quoi un lycée très hétérogène empêcherait les meilleurs de progresser, si les classes sont homogènes.

Enayr a écrit:

des élèves ayant les capacité d'en savoir plus n'auraient pas le droit d'apprendre plus que les autres

Oui, pourquoi pas ? Mais ce n'est plus du domaine de l'Education Nationale que de fournir de la culture général. Si l'élève a envie d'apprendre autre chose, il peut le trouver par lui-même, me semble-t-il ?

Dites moi si je fais erreur, mais c'est de l'éducation primaire cela (sociologiquement parlant).

Tristan Maupoil a écrit:

Faire ce dont tu rêves.

Tu sais très bien, ce n'est pas à toi que je vais apprendre cela, qu'il y a une différence entre les rêves et la réalité : Cette différence se nomme la maturité. Un enfant a des rêves, un adulte a des certitudes, ses rêves d'enfant se sont envolé en grandissant.

Moi, par exemple, j'ai toujours voulu être polytechnicien. Cependant, pour le devenir, il faut faire l'armée et mon état de santé ne me le permet pas. Donc j'ai dû trouver un objectif plus réalisable : Sortir diplômé de l'ENA est aujourd'hui mon objectif ! (Oui, d'accord le plus dur n'est pas d'en sortir, mais d'y rentrer. Mais je pense avoir tout mon temps pour y arriver)

Arrêter de vouloir faire Polytechnique pour se consacrer à l'ENA... C'est en effet ce qu'on appelle être réaliste. ^^

Ensuite, pour revenir au sujet, je ne pense pas que la seule volonté de réussir suffise pour réussir. Elle est sans doute nécessaire mais ce n'est pas le seul facteur. L'environnement (c'est-à-dire la famille, les amis, le lycée, la classe... Tout ce qui est en dehors de la sphère intérieure) a aussi un rôle important. Au fond, l'idée que la seule volonté peut venir à bout de tout est à la base du modèle du "Self-made-man" et de l'économie libérale et c'est une idée profondément réaliste. Hélas, elle ne correspond pas vraiment à la réalité des faits. Réussir dépend de conditions intérieures mais aussi extérieures.

Comme l'a dit Kero, un classement des lycées pousserait les bons élèves à aller dans les lycées les mieux classés et les plus accessibles tandis que les élèves avec des difficultés seraient tous cloîtrés dans certains lycées. On aurait donc d'un côté certes des lycées au succès croissant de façon exponentielle et d'un autre côté des lycées aux difficultés croissant de façon exponentielle, les seconds étant sans doute plus nombreux que les premiers.

Or le but du service public d'Education est la réussite de tous ! Voilà pourquoi il faut, dans la mesure du raisonnable, des lycées et même des classes homogènes. Les élèves avec des facilités réussiront, même s'ils sont avec des élèves ayant des difficultés. Certes un peu moins bien mais bon... A l'opposé, les élèves avec des difficultés, s'ils sont avec des élèves avec des facilités, auront plus de chance de réussite (car il faut être réaliste, ils ne vont pas forcément tous réussir). Par solidarité, les bons doivent donc sacrifier une partie du succès qui leur est promis pour que les mauvais puissent aussi connaître la douceur de la réussite.

Boris Decan a écrit:

Oui, mais n'a-t-elle pas été refusée par de nombreux syndicats lycéens et étudiants comme le tien ?

Et pour cause. En tant qu'étudiant pouvant bénéficier de ce dispositif, je la refuse également. Je ne parle qu'en mon nom propre, mais je pense que cette loi n'est pas pour favoriser l'intégration dans le monde du travail socialement parlant. Car s'il est vrai qu'il y a toujours eu des personnes pour dire que si une PMR a obtenue le poste, c'est grâce à son handicap, là, je pense que cette loi ne va faire que développer ce genre de jalousie.