Réforme des institutions

Une courte victoire plus précieuse que bien des raz-de-marée. Très impliqué dans le projet de réforme des institutions, Nicolas Sarkozy n'a pas caché sa "joie" lundi soir en apprenant son adoption - avec une petite voix d'avance - par le Parlement réuni en Congrès à Versailles. "C'est la démocratie qui a gagné", s'est exclamé le chef de l'État depuis Dublin. ''Je veux dire aux Français qu'une fois de plus, le camp du mouvement, du changement, de la modernité l'a emporté sur le camp de l'immobilisme, de la rigidité et du sectarisme'', a-t-il ajouté.

Dominique Paillé , porte-parole de l'UMP, affirme que cette révision constitutionnelle "deviendra vite une réforme historique" tout comme l'est devenu l'amendement Wallon. Également adopté à une voix près en janvier 1875, cet amendement a introduit dans les lois constitutionnelles de la France la fonction présidentielle.

En revanche, François Bayrou , le chef de file du MoDem, dénonce une réforme adoptée de justesse. "Si le texte avait été bon, il aurait rassemblé les grandes familles démocratiques du pays", juge-t-il.

Évidemment, les sujets de conversation, lundi soir à Versailles, tournaient autour de Jack Lang . En votant le texte porté par Nicolas Sarkozy et François Fillon, le député socialiste, qui fut membre du Comité Balladur sur la modernisation des institutions, a permis l'adoption de la réforme. Une "trahison" que ne lui pardonnent pas ses amis socialistes. Julien Dray fustige "celui qui a pris la responsabilité d'être l'ultime roue de secours de la majorité sur ce vote". "Il est maintenant seul face à lui-même", lâche-t-il. Le chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault , va plus loin, évoquant une "faute politique" de Jack Lang. "Il doit maintenant en assumer toutes les responsabilités." Même son de cloche de François Hollande : le premier secrétaire du PS considère que Jack Lang avait "une responsabilité" en la matière. "Nous avons à la faire valoir", a-t-il dit, elliptique.

Lang : "Je reste plus que jamais un opposant déterminé au gouvernement"

Et voilà la majorité qui vient applaudir l'ancien ministre de la Culture des deux mains. Saluant son "courage", François Fillon a expliqué sur TF1 que "Jack Lang a été cohérent avec ce qu'a été la pensée de la gauche pendant des années". "Non, Jack Lang n'est pas seul ce soir, tous les démocrates sont avec lui", abonde l'UMP Jérôme Chartier, qui loue par ailleurs le travail du Premier ministre. "Il fallait le voir, cet après-midi, sur son pupitre. Affaibli pourtant par sa sciatique, il avait vraiment de l'allure !"

Contacté par lepoint.fr, Jack Lang n'a pas donné suite. A 21 heures, il a envoyé un communiqué à l'Agence France Presse, dans lequel il assure rester "plus que jamais un opposant déterminé à la politique de régression sociale du gouvernement afin de faire obstacle au projet dangereux et néfaste de cette majorité". En revanche, concernant le texte sur les institutions, il persiste et signe : "La réforme votée lundi par le Congrès de Versailles renforcera les droits du Parlement, des citoyens, et de l'opposition. Dire le contraire serait une négation de la vérité".

Pour se consoler de ce revers, les socialistes ont ironisé sur une réforme qui "restera entachée" en raison de sa marge très étroite. "Une réforme constitutionnelle qui passe à deux voix, ce n'est pas l'idée que je m'en fais", regrette Manuel Valls. "Le président de la République n'a pas convaincu", tranche le porte-parole du PS, Julien Dray qui "donne rendez-vous aux Français dans un an, pour faire un bilan objectif de la portée réelle de cette réforme". François Hollande ose même : "Le perdant, ce soir, c'est Nicolas Sarkozy."