Le président d’Ille-et-Vilaine contre les tests osseux

Immigration - Le président d’Ille-et-Vilaine contre les tests osseux
Steeve Cupaiolo-Verney, le vendredi 25 juillet 2008 à 04:00


Suite au contrôle subi par un lycéen d’origine angolaise, le président d’Ille-et-Vilaine dénonce les tests osseux et lance un appel à Nicolas Sarkozy.


L’affaire avait mis le feu aux poudres dans les rues de Rennes en mars dernier. Plusieurs centaines d’élèves et de parents d’élèves avaient arpenté les pavés de la ville bretonne. L’objet de leur courroux ? La garde à vue de Julio, un jeune d’origine angolaise.

Scolarisé dans un lycée rennais, le garçon, lors d’une sortie scolaire, avait subi un contrôle d’identité dans le métro. Au moment des faits, les autorités doutent rapidement de l’âge du lycéen, seize ans, et embarquent Julio au commissariat.

Dès lors, ce dernier va vivre une suite d’événements pour le moins effrayants : placement en garde à vue, puis en centre de rétention avec, à la clé, tests osseux et de pilosité.

« Cueillis de cette manière devant ses camarades, vous imaginez l’humiliation ! », s’agace Jean-Louis Tourenne, président socialiste du Conseil général d’Ille-et-Vilaine. Il ajoute : « On lui a fait subir ces tests, durant lesquels on effectue une radio des os, on analyse l’évolution des artères, de la pilosité, sans mon accord, qui équivaut de le cas de Julio à l’autorité parentale. »

« Traiter les individus dignement »

L’élu PS est particulièrement concerné par l’affaire : « Julio est un mineur sans famille, placé en centre d’accueil. En tant que président du CG, je suis responsable de lui. »

Jean-Louis Tourenne a donc décidé de lancer, il y a quelques jours, un appel à tous les présidents de conseils généraux. L’objectif : signer un texte à l’attention du président de la République. « Je lui demande de traiter les individus de façon digne et que l’on respecte leur intégrité », explique l’élu, qui a déjà été rejoint par d’autres présidents de départements : « Je n’ai pas le chiffre exact, mais nous pouvons citer, entre autres, la Charente, l’Allier, l’Essonne, les Côtes-d’Armor. »

Julio est retourné, depuis, en centre d’accueil « mais il est toujours traumatisé », souligne Jean-Louis Tourenne.

Le président d’Ille-et-Vilaine précise néanmoins : « Je respecte la loi sur l’immigration avec laquelle je ne suis pas d’accord. En revanche, je conteste la méthode employée, qui piétine la dignité des individus quels qu’ils soient. »

Il remet également en cause la fiabilité des tests osseux : « Il existe un arrêt du tribunal de Rennes et une contestation académique de médecine qui démontre que ce n’est pas fiable. Surtout que ce test se base sur le squelette de type caucasien. »

Très inquiet de cette « dérive très grave des non-valeurs républicaines », Jean-Louis Tourenne égratigne au passage la politique du ministre de l’Immigration : « Monsieur Hortefeux veut faire du chiffre et se vante de nombre d’individus reconduits à la frontière. On s’en prend malheureusement aux personnes les plus vulnérables, comme des mineurs désorientés, sans famille, qui ont d’énormes difficultés. »