HENIN-BEAUMONT, Pas-de-Calais (Reuters) - Le Front national entend profiter de son implantation et d'un contexte politique local favorable pour prendre la mairie d'Hénin-Beaumont, où Marine Le Pen, deuxième de la liste FN, veut gagner une légitimité par les urnes.
Les délocalisations et les fermetures d'usines ont frappé plus qu'ailleurs ce bassin d'emploi du Pas-de-Calais, faisant monter le taux de chômage aux alentours de 20%.
Le candidat du Front national, Steeve Briois, 35 ans, exploite depuis des années cette situation sociale.
Malgré son jeune âge, il a deux scrutins municipaux derrière lui. Déjà présent en 1995 et en 2001, il sillonne sa commune et laboure une terre qu'il espère aujourd'hui fertile pour le parti d'extrême droite et sur laquelle il a invité Marine Le Pen.
Les performances électorales du FN à Hénin-Beaumont ne s'expliquent pas uniquement par la présence récente de Marine Le Pen mais par celle de longue date du candidat FN, dont tout le monde dit qu'il a un contact facile avec la population.
En 2001, au terme d'une triangulaire, Steeve Briois avait déjà flirté avec la barre des 20% (19,08%).
Marine Le Pen, seule candidate FN en France présente au second tour des élections législatives l'an dernier, est venue conforter le vote FN.
Battue avec 41,65% des voix, par le député sortant socialiste, la vice-présidente du FN a réussi a créer sur la ville d'Hénin-Beaumont, qui compte 27.000 habitants, un rapport de force de 55-45, en faveur du PS.
"Aujourd'hui nous sommes prêts, nous sommes la seule force d'opposition au maire et à ses méthodes" explique Steeve Briois.
Si le FN espère pouvoir l'emporter, c'est grâce à son implantation locale mais aussi aux divisions de la gauche et à un contexte local schizophrène.
DIVISIONS A GAUCHEIl faut remonter à 2001 et aux dernières municipales pour comprendre les rancoeurs et haines tenaces que la perspective de voir le FN prendre la mairie ne semble pas calmer.
Gérard Dalongeville, alors directeur de cabinet du maire socialiste sortant Pierre Darchicourt, était devenu maire au terme d'une triangulaire. Gérard Dalongeville fut alors immédiatement exclu du PS, qui le soutient aujourd'hui.
Les blessures de 2001 ne sont à l'évidence pas toutes cicatrisées.
Face à Gérard Dalongeville, se dresse une troisième liste, "l'Alliance républicaine", menée par Daniel Duquenne.
Ancien directeur des services de la ville pendant les années Darchicourt, ex-patron de la section socialiste locale, il se veut la seule alternative au Front national et rejette par principe toute alliance avec le maire sortant, même si cela devait provoquer à nouveau une triangulaire.
"Je combats le FN, je combats aussi le système clanique et mafieux du maire sortant", lâche Daniel Duquenne qui se dit effrayé par "le clientélisme absolu, le populisme" de Gérard Dalongeville.
Pour tenter de ramener le calme, le PS a parachuté l'ancienne ministre et membre de son bureau national Marie-Noëlle Lienemann, deuxième de la liste Dalongeville. Elle tente de recoller les morceaux avec les différentes composantes de la gauche.
Les opposants au maire sortant lui reprochent sa gestion financière et une tendance au clientélisme, matérialisée par l'embauche massive de personnel communal.
En sept ans, la taxe d'habitation a augmenté de 85%. Gérard Dalongeville y a gagné le sobriquet de "Monsieur 85%" et la Cour Régionale des Comptes a épinglé la gestion de la commune.
"J'ai été élu dans une ville qui avait un incroyable déficit", se défend le maire pour expliquer cette hausse des impôts "nécessaire".
"Aujourd'hui, je me situe au-dessus des querelles, pour continuer ce qui a été entrepris depuis 2001", ajoute le maire, conforté par un sondage Ifop qui le donne vainqueur en cas de duel avec le FN et même de triangulaire avec "l'Alliance républicaine"
L'UMP a, quant à elle, intronisé Laurent Bocquet qui essaiera dans un contexte local et national défavorable d'atteindre la barre des 10%.