Innovation de taille dans l'enseignement supérieur : les inscriptions en première année vont se faire, à partir du 20 janvier, sur un même portail Internet pour la quasi-totalité des formations. Le site Admission-postbac.fr va centraliser presque toutes les filières, qu'elles soient non sélectives, comme l'université, ou sélectives, comme les IUT (instituts universitaires de technologie), ou les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE).
"L'objectif consiste à présenter sur un même niveau et avec un même affichage l'ensemble de l'offre post-bac, explique Claude Jolly, sous-directeur à la direction générale de l'enseignement supérieur. Le site vise à combattre l'idée qu'il existerait des filières réservées à des initiés." Avant Admission-postbac, les procédures d'inscription étaient très diverses. Pour l'université, elles pouvaient être organisées au niveau interacadémique, comme avec le système Ravel pour l'Ile-de-France, ou académique (Candisup en Bretagne) ou encore au niveau de chaque établissement. Le nouveau dispositif a fait l'objet d'une montée en puissance progressive. Initié en 2002 pour l'inscription en classe prépa, il s'est élargi, en 2008, à 24 académies (sur 30 en France), dont la moitié pour toutes leurs formations.
EQUITÉ ET TRANSPARENCE
Les étudiants ont jusqu'au 20 mars pour saisir l'ensemble de leurs voeux de formation. Ils peuvent en émettre jusqu'à 36 mais, en général, la moyenne des voeux est d'un peu plus de quatre. Avec ce nouveau système, il est important que les candidats saisissent leurs voeux par ordre de préférence, du plus élevé, aussi ambitieux soit-il, au moins attractif. Pour ceux qui auraient des remords, la hiérarchie des voeux est modifiable jusqu'au 6 juin. En revanche, il est impossible, au-delà du 20 mars, d'ajouter des formations.
"Le dispositif est conçu pour accorder à l'élève de façon équitable et transparente son voeu le plus élevé possible compte tenu de son dossier", poursuit Claude Jolly. Dès qu'un élève refuse une proposition à un de ses voeux, celle-ci est automatiquement remise dans le circuit. "Avant que les classes préparatoires n'entrent dans le système, les élèves élaboraient des stratégies complexes pour avoir une chance de décrocher une place, explique Jean-Claude Lafay, proviseur dans un lycée parisien et secrétaire national du Syndicat des personnels de direction de l'éducation nationale (SNPDEN). Maintenant, nous donnons comme conseil aux lycéens de classer leurs voeux uniquement dans l'ordre de leurs préférences."
Les candidats doivent ensuite attendre le 9 juin, date de la première phase d'admission, pour que leur soit faite une proposition. Ils pourront y répondre soit par un "oui définitif", un "oui mais", un "non mais" ou une "démission générale". Les deux dernières options sont à éviter si on ne veut pas se retrouver sans affectation. En revanche, ceux qui n'auraient pas leurs premiers choix peuvent répondre "oui mais", en espérant qu'à la deuxième phase d'admission (le 23 juin) ou à la troisième (14 juillet), ils puissent bénéficier d'une meilleure proposition.
Risque-t-on au final de se retrouver le bec dans l'eau ? Si le lycéen ne postule que pour des établissements sélectifs, et que son dossier est moyen, il court un risque. Dans ce cas, il est recommandé de mettre dans ses propositions une université, mais pas dans ses premiers voeux si l'on ne veut pas y être affecté d'emblée.
Détail pratique, les candidats ont intérêt à ne pas changer d'adresse Internet ou de numéro de téléphone portable. Par ailleurs, il est impératif, lors des phases d'admission, de consulter quotidiennement son dossier électronique, car le postulant dispose d'un délai de 72 heures pour répondre à la proposition qui lui est faite. Sinon, il est définitivement éliminé.
Toutes les formations ne sont pas accessibles sur le site, certaines pour des raisons techniques, d'autres parce qu'elles souhaitaient garder la maîtrise du processus d'inscription. Ainsi, la majorité des écoles d'ingénieurs post-bac sont présentes, mais pas les écoles de commerce, ni les écoles spécialisées (architecture, beaux-arts, écoles paramédicales, notariat, etc.), ni les Instituts d'études politiques (IEP de province et Sciences Po Paris).
MAÎTRISE DES FLUX
Paris-Dauphine, qui a un statut de grand établissement depuis 2004 lui permettant de sélectionner ses candidats, n'a pas souhaité non plus intégrer le dispositif. "Une université sélective comme Dauphine se doit de maîtriser ses flux d'étudiants entrants, tant sur le plan quantitatif qu'en termes qualitatifs, sur leur profil, argumente Pierre Volle, vice-président à l'université Paris-Dauphine. En l'état actuel des choses, le système Admission-postbac ne nous offre pas de visibilité suffisante pour garantir cette maîtrise des flux."
Au ministère de l'enseignement supérieur, on assure, au contraire, qu'avec le nouveau dispositif, les établissements sélectifs continuent d'avoir la maîtrise des flux - puisque ce sont eux qui établissent la liste des candidats retenus et les classent - et l'on ne désespère pas de convaincre les récalcitrants. Des discussions sont en cours pour intégrer dans le dispositif les IEP de province, les écoles de commerce post-bac et les formations du ministère de la culture à la rentrée 2010.
Martine Laronche