Hausse du gazole : M. Sarkozy décide de réagir

Pour revenir à la crise alimentaire (je sais, je flood), il me semble que la secrétaire de l'ONU a en effet principalement pointé comme cause les subventions agricoles et les bio-carburants mais qu'elle n'a pas non plus totalement dédouané la spéculation boursière puisqu'elle a affirmé qu'une part infime de la crise alimentaire était due à la spéculation.

Je le reconnais donc, la crise alimentaire est principalement dû aux protectionnismes américains et européens (surtout français) ainsi qu'aux bio-carburants mais aussi, dans une moindre mesure, à la spéculation boursière. Or, aussi faible puisse être la responsabilité de la spéculation dans cette crise, elle existe et est responsable de millions de morts. Ce n'est donc pas la grande coupable mais ce n'est pas non plus une parfaite innocente.

Soit dit au passage, à propos des biocarburants, il convient de faire certaines distinctions. En effet, aux Etats-Unis, 4% des terres arables sont consacrées à la production de maïs destiné à faire du bioéthanol tandis que le bioéthanol ne représente que 2% du carburant consommé aux Etats-Unis. Au contraire, au Brésil, seulement 1% des terres arables est consacré à la production de betteraves destinées à faire du bioéthanol (dont 15% sont aussi consacrées à des cultures comme celle du haricot ou du soja) alors que la consommation de bioéthanol était plus importante que celle d'essence, du moins avant la crise alimentaire qui a plutôt inversé cette tendance. Ainsi, même si la culture de la betterave est grande consommatrice d'eau et que les conditions des travailleurs dans ces cultures sont déplorables (comme le pointe Amnesty International), il semblerait que les Brésiliens aient plus de bons sens que les Américains.

Pour revenir sur la crise du pétrole, j'aurais tendance à dire qu'elle présente des bons côtés comme des mauvais. Tout d'abord cela incite les Américains à changer leurs habitudes et à préférer les transports aux communs à leur voiture personnelle. Ensuite les pays d'Asie qui maintenait un prix stable grâce à des subventions publics se voient petit-à-petit contraint de diminuer ces subventions, d'où une hausse du prix de l'essence pour les citoyens de ces pays et donc une baisse de la consommation dans ces pays émergents alors même que c'était la forte demande de ces pays qui tiraient, en partie, les prix vers le haut. En outre, les frais de transport devenant exorbitants, on voit s'amorcer des délocalisations à l'envers, les entreprises exportées en Chine revenant ainsi, si ce n'est en France, dans le Maghreb. Une production plus locale devrait d'ailleurs se développer. En gros la mondialisation a si bien marché qu'elle a provoqué sa propre régression (si je ne m'abuse ; je fais confiance à John ou Enayr pour me rattraper si je me trompe).

Mais cela n'a pas que des points positifs : Il ne faut pas oublier que de nombreuses personnes ne peuvent faire autrement qu'avoir une voiture et les dépenses en carburants augmentant, ils sont obligés de se serrer encore plus la ceinture. En outre de nombreuses petites entreprises de transport aérien ont été obligées de fermer. Enfin l'argent du pétrole est souvent plus une malédiction qu'une bénédiction pour les pays exportateurs. En effet cela peut plomber l'économie de ces pays, les hydrocarbures faisant monter la valeur de la monnaie nationale, rendant plus difficile l'exportation d'autres produits (agricoles ou manufacturés) et donc le pays plus dépendant de ses hydrocarbures (principe de la "maladie hollandaise" ; cf notamment l'Algérie et le Nigéria dans les années 70). Ainsi près de la moitié des pays membres de l'OPEP étaient plus pauvres en 2005 qu'il y a trente ans. A cela il faut ajouter les mauvais investissements faits avec cette argent par les pays exportateurs et surtout de graves troubles politiques internes. En effet l'argent du pétrole revient souvent aux gouvernements de ces pays, pas ou fraîchement démocratiques, et entretient la corruption au détriment de l'enrichissement de la population, qui, maintenue dans la misère, cherche souvent à se rebeller (cf Niger, Thaïlande, Algérie, Colombie, Soudan, Irak...). En outre, les puits de pétrole se concentrant souvent dans une région du pays, il est tentant pour les habitants de cette région de faire sécession avec le reste du pays afin de pouvoir plus profiter de l'argent du pétrole. Enfin certaines organisations terroristes bénéficient directement de l'argent du pétrole soit en revendant eux-mêmes le pétrole à de grosses compagnies, soit en extorquant de l'argent à ces compagnies, soit en promettant une certaine "bienveillance" s'ils arrivent au pouvoir.

Tout est très bien expliqué dans le numéro 920 de Courrier international : "Quand le baril de brut vaudra 200 dollars... Ce monde qui vient ! "

Pour les Etat-Unis, je ne pense pas qu'ils prennent plus le bus maintenant. Car je vous rappelle qu'ils sont aussi producteur de pétrole et que c'est un moyen de faire pression sur les pays pétrolier pour que leurs coûts soient moindres et s'ils sont trop élevés, ils menacent de produire plus, ce qui ferait chuter les prix. (cours d'histoire de première)

Oui, c'est bien connu, les Etats-Unis disposent d'une importante réserve de pétrole. D'ailleurs il me semble que le prix du pétrole a augmenté pendant Katrina car ce cyclone sévissait justement dans la région des principales raffineries américaines. Toujours est-il qu'en attendant, ils ne semblent pas prêts à mettre leurs réserves sur le marché (à moins qu'il y ait eu une baisse du prix du pétrole dont je n'aurai pas entendu parler). Donc la hausse des prix du carburants vaut aussi pour les Américains, donc certains se voient obligés de changer leurs habitudes, c'est-à-dire, pour certains, de prendre le bus, eh oui.