Il y a quelques semaines, j'ai fait une analyse comparée [ http://www.thenewamericanempire.com/tremblay=1088] du candidat républicain présomptif à la présidence américaine, le sénateur John McCain. En toute justice, une évaluation similaire de la candidature du sénateur Barack Obama semblerait s'imposer.
En effet, l'administration Bush-Cheney sera passée à l'histoire à 11:59 pm, le 20 janvier, 2009. Le 4 novembre, 2008, leurs successeurs, un nouveau président et un nouveau vice-président, auront été choisis. S'agira-t-il d'une équipe Obama ou d'une équipe McCain?
Le sénateur Barack Obama (D. ILL) est le candidat démocrate présomptif à l'élection présidentielle américaine. Il est de surcroît le premier candidat présidentiel d'ascendance Afro-américaine pour un des deux grands partis politiques américains. Considérant le passé racial des États-Unis, s'il devait être élu Président, ce serait une quasi révolution politique dans ce pays. Pour le moment, on peut dire que le climat politique pour un tel changement important dans la politique américaine est favorable, puisqu'une pluralité des électeurs semblent favoriser l'élection d'un candidat démocrate à la présidence.
D'une part, l'actuelle administration républicaine, après huit ans de bévues sur bévues, est très impopulaire, recevant la désapprobation des deux-tiers des Américains, selon un récent sondage Associated Press-Ipsos, tandis que le Président George W . Bush est aux fins fond des appuis populaires avec seulement 28 pour cent d'approbation. Mais, ce qui est peut-être encore plus révélateur, est le fait que très peu d'Américains disent croire que leur pays est sur la bonne voie.
Deuxièmement, l'électorat américain penche de plus en plus du côté des démocrates à raison de 41 pour cent en faveur de ces derniers contre 32 pour cent pour les républicains. Troisièmement, on peut dire que le candidat Obama est beaucoup plus intelligent, beaucoup plus jeune, beaucoup plus attrayant et beaucoup plus charismatique que le candidat McCain. Et, sur les questions de politiques, les démocrates devraient avoir un énorme avantage parce que les gens sont fatigués de la guerre coûteuse et impopulaire contre l'Irak, parce que l'économie est en mauvais état et va de mal en pis avec l'aggravation de la crise financière, et parce que beaucoup d'Américains souffrent économiquement et financièrement, alors que le prix du pétrole explose. De nombreux Américains des classes moyennes croient également que le moment est peut-être venu d'améliorer le système américain des soins de santé, de même que le système des pensions.
Par conséquent, puisque les circonstances actuelles favorisent l'élection d'un candidat démocrate à l'élection présidentielle, est-ce que l'élection de novembre en est une que le sénateur Obama doit perdre par sa faute ? Y aura-t-il un "effet Bradley" quand des électeurs blancs disent aux sondeurs d'opinions avoir l'intention de voter pour un candidat noir, comme le sénateur Obama, mais qui pourraient plutôt voter en fonction de leur préjugé raciste ? Y aura-t-il une réaction négative de l'aile progressiste démocrate à mesure que le candidat Obama se déplace de plus en plus vers la droite ?
En théorie, il faudrait bien que le candidat Obama et ses conseillers fassent un paquet d'erreurs et prennent de très mauvaises décisions pour perdre cette élection, alors que tout le monde prédit que les démocrates vont gagner plusieurs sièges tant au Sénat qu'à la Chambre des représentants, le 4 novembre prochain.
D'entrée de jeu, il est largement admis que le candidat Obama a commencé sa campagne présidentielle officielle d'un bien mauvais pied, c'est-à-dire en désillusionnant sa propre base politique progressiste avec des tergiversations sur certaines politiques.
En effet, le 4 juin dernier, le sénateur Obama se rendit au congrès annuel du lobby pro-israélien AIPAC et répéta presque mot pour mot les propos belliqueux de son adversaire républicain, le candidat McCain.
En fait, on croirait en lisant les déclarations reproduites au haut de cet article que les candidats McCain et Obama sont membres du même parti politique, du moins en ce qui concerne la politique étrangère que l'AIPAC voudrait voir adopter par le gouvernement américain. Quand il s'agit de l'AIPAC, les deux candidats à l'élection présidentielle semblent avoir les mêmes rédacteurs de discours et ils se comportent comme s'ils étaient membres d'un même système politique fondé sur la ploutocratie .
En effet, les deux candidats présidentiels affirment vouloir bombarder l'Iran et ils prennent publiquement l'engagement de rendre le monde sécuritaire pour l'état d'Israël. Avec une telle vue des choses, on peut s'attendre à ce que ni l'un ni l'autre aient des scrupules à fomenter des conflits armés à travers le monde. Même sur des questions nationales importantes, telles que la surveillance électronique sans mandat, les deux candidats semblent être d'accord.
En effet, le sénateur Obama s'est rangé du côté des députés démocrates que l'on dit être des alliés de George Bush en votant en faveur d'une surveillance étatique des citoyens américains sans le gouvernement n'obtienne de mandat à cet effet. Sur ce même point, Obama a changé de position et il a appuyé l'octroi d'une immunité légale pour George W. Bush et les sociétés de télécommunication qui ont fait de l'écoute électronique de citoyens américains sans mandat avant le 9/11. Les deux candidats recherchent tous les deux l'appui de riches lobbyistes. Le 11 juin dernier, par exemple, le candidat Obama dût remplacer un lobbyiste de longue date dans les cercles politiques de Washington, soit M. Jim Johnson, une personne qu'il avait nommé sur son comité de recherche d'un vice-président, après qu'il fut dévoilé que M. Johnson avait bénéficié de conditions de prêt préférentielles de la part d'un important prêteur hypothécaire, la Cie Countrywide Financial, une entreprise que le sénateur Obama avait fortement critiquée dans le passé.
En matières constitutionnelles, le sénateur Obama ne semble guère hésiter à émuler George W. Bush en promettant d'utiliser des fonds publics pour financer certaines activités religieuses sous l'égide d'églises établies. En effet, il dit même vouloir élargir le financement à même les fonds publics de programmes que l'on qualifie de programmes religieux “axés sur la foi” (“faith-based”). De même, le complexe militaro-industriel américain n'aurait également rien à craindre d'une présidence Obama, puisque le jeune sénateur entend maintenir le niveau élevé des dépenses militaires des États-Unis.
Tout cela semble révéler une certaine propension à l'improvisation, à la dépendance et à l'absence d'engagements idéologiques fermes de la part du sénateur Obama, ce qui pourrait à la longue jouer en faveur de son adversaire républicain. Mais peut-être encore plus dommageable pour lui, ces tergiversations peuvent convaincre certains électeurs que les deux principaux candidats à l'élection présidentielle étatsunienne ne sont que légèrement différents l'un de l'autre et sont en fait sous la coupole des mêmes intérêts ploutocratiques.
Ce que les deux candidats présomptifs à la présidence des États-Unis ont également en commun est le fait que les deux ont été élevés en partie en dehors de leur propre pays, Obama en Indonésie et McCain au Panama. Sur ce point, ils sont des candidats originaux et on peut s'attendre à qu'ils soient ouverts aux questions internationales. En fait, les deux devraient être interventionnistes, McCain étant seulement quelque peu plus interventionniste et militariste que Obama. C'est parce que les deux souscrivent à l'idéologie hubristique et impérialiste selon laquelle le gouvernement des États-Unis, sans mandat démocratique ou juridique quelconque à cet effet, a la responsabilité de gouverner le monde.
Dans l'ensemble, toutefois, il faut s'attendre à ce qu'un Président Obama adopte une politique étrangère un peu plus "pragmatique" et un peu plus "réaliste", dans la foulée de celle préconisée par l'administration de Bill Clinton, tandis qu'un Président McCain serait enclin à faire siennes les vues de George W. Bush en poursuivant une voie plus "idéologique" et une politique étrangère foncièrement unilatérale.
C'est probablement sur la question de la guerre en Irak que le sénateur Obama et le sénateur McCain semblent diverger le plus. En effet, le sénateur Obama a promis de retirer le personnel de combat de l'Irak et de stopper les dépenses de plus d'une centaine de milliards de dollars par année englouties par la guerre, avec l'idée de consacrer cet argent à des programmes sociaux nationaux. Sur ce point, une forte majorité d'Américains est derrière lui. Selon un calendrier établi, le Sénateur Obama promet de retirer toutes les brigades de combat américaines de l'Iraq à l'intérieur d'une période de seize mois, après son accession à la présidence.
Toutefois, le sénateur Obama avoue maintenant qu'il est prêt à faire preuve d'une certaine souplesse concernant cette promesse de retrait des troupes américaines de l'Irak et qu'il souhaite conserver une certaine marge de manœuvre dépendant des conseils futurs qu'il pourrait recevoir des commandants militaires sur le terrain!
Cela place quand même le candidat Obama en contradiction ave le sénateur McCain, dont la position sur l'Irak se rapproche davantage de celle de George W. Bush.
En effet, John McCain a voté pour la guerre en Irak dès octobre 2002, et il se dit très heureux de poursuivre la politique de Bush en Irak, au point même d'étendre l'occupation militaire de ce pays pour une période de "cent ans" dans l'avenir.
Sur l'Irak, par conséquent, le choix semble être clair : ceux et celles qui s'opposent à la guerre en Irak devraient voter pour le sénateur Obama, et ceux et celles qui favorisent la guerre en Irak et d'autres guerres non approuvées par les Nations Unies trouveront dans la personne du sénateur McCain, un candidat davantage à leur goût.
Le 15 mai dernier (2008), le Président George W. Bush s'est rendu en Israël et, s'adressant au Parlement israélien (la Knesset), il a fait une chose pour le moins inhabituelle : il a attaqué un candidat à l'élection présidentielle américaine, le sénateur Barack Obama, alors qu'il se trouvant dans un pays étranger. C'était certainement des plus inapproprié pour un président en exercice de faire campagne contre un adversaire politique en terre étrangère.
En matières de politiques sociales, d'économie, et sur les priorités budgétaires, on est en droit de considérer le sénateur Obama comme un progressiste, alors que le sénateur McCain est davantage un conservateur. En fait, dans l'ensemble, le sénateur McCain peut être considéré comme le candidat du statut quo, tandis que le sénateur Obama est le candidat du changement et des réformes.